Chantier SAP : Conseil de surveillance


Un changement de paradigme est sur le point de se produire chez SAP. La répartition des tâches entre le conseil de surveillance et le directoire, définie par la loi, a été suspendue chez SAP pendant de nombreuses années. Ce n'était pas au détriment de SAP et le professeur Hasso Plattner s'est heurté plus d'une fois à la rigueur des lois sur les conseils de surveillance en Allemagne. D'après les initiés, Plattner aurait aimé voir SAP comme une entreprise américaine et en aurait alors logiquement été le président.
Dans le contexte américain, le président est également un président du conseil de surveillance, mais il peut néanmoins participer à l'opérationnel. Hasso Plattner n'a cessé de critiquer cette situation lors de ses nombreux keynotes Sapphire à Orlando, en Floride, aux États-Unis.
Le professeur Plattner est un homme d'action au grand cœur, qui a une idée précise de la manière dont les choses doivent se passer. Le professeur August-Wilhelm Scheer, membre de longue date du conseil de surveillance de SAP et, plus récemment, d'un comité consultatif de l'Institut Hasso Plattner à Potsdam, m'a un jour expliqué qu'il ne connaissait personne - à part Plattner - qui voyait aussi loin et aussi précisément dans l'avenir. Selon lui, Hasso Plattner a une idée précise des développements futurs comme personne d'autre. L'histoire de SAP confirme ce constat.
Hasso Plattner laissera un vide au sein du conseil de surveillance. Le choix de Punit Renjen est donc le meilleur possible, car il a un caractère totalement différent et mettra donc l'accent sur d'autres aspects. Renjen n'est pas un nerd de l'ERP, passionné de technique, qui lance rapidement une révolution informatique avec une base de données in-memory computing. En raison de son style de management, Punit Renjen se heurtera à la méfiance et au rejet. Le magazine allemand Manager Magazin l'a déjà écrit : Renjen fait des vagues. Que s'est-il passé ?
Punit Renjen est un cadre supérieur discipliné, orienté vers le succès et précis. Il ne se laissera pas élire président du conseil de surveillance de SAP en tant que remplaçant. Renjen considère cette fonction comme un défi et agira dans l'esprit d'un président américain - dans la mesure où les lois allemandes le lui permettent. De manière tout à fait atypique pour un président du conseil de surveillance, il a parcouru le monde ces derniers mois et visité de nombreuses filiales SAP afin de se faire une idée de première main du leader mondial de l'ERP. Cet activisme ne fait pas l'unanimité. De nombreux cadres de SAP craignent pour leur autonomie si quelqu'un exerce une surveillance active et donne des conseils contraignants.
Dans le Handelsblatt en ligne, on pouvait lire à propos des conseils de surveillance du Dax : "Mais si les experts financiers sont désormais très demandés, les comités de contrôle du Dax manquent toujours d'expertise technologique". Le conseil de surveillance de SAP ne fait pas exception à la règle. Le CEO Christian Klein ne peut attendre de véritables conseils que de Plattner et du conseil de surveillance Gerd Oswald, qui a lui-même été membre du directoire de SAP pendant plus de 16 ans et qui connaît mieux que quiconque les activités de SAP et ses clients.
D'autre part, il est difficile d'imaginer que les futures tâches de surveillance et de conseil reposent sur les épaules d'un petit nombre de membres du conseil de surveillance. A cet égard, la démarche du président du conseil de surveillance de Siemens, Jim Hagemann Snabe, semble exemplaire. Le Manager Magazin a analysé dans un reportage intéressant la manière dont sont attribués aujourd'hui les meilleurs postes dans l'économie : "Les restes de l'ancienne carrière en réseau disparaissent, de nouvelles méthodes mènent à la tête de l'entreprise. Les conseils de surveillance et les conseils d'administration ont recours à des centres d'évaluation, des tests psychologiques et des experts médico-légaux". Celui qui s'est distingué de manière particulièrement positive dans les cercles supérieurs du pouvoir était l'ex-Co-PDG de SAP Jim Hagemann Snabe. Lorsque Snabe est entré au conseil de surveillance de Siemens en 2013, il est tombé sur des cordées qui sont également plus que nombreuses chez SAP.
Le Manager Magazin a résumé la situation : Snabe a surtout rencontré, du côté du capital, des amis de Gerhard Cromme, le contrôleur en chef de l'époque. Actuellement, Jim Hagemann Snabe dirige le conseil de surveillance et le Manager Magazin le cite : "Je cherche des compétences et non des noms de personnes que je connais bien". Punit Renjen aura une tâche similaire devant lui s'il veut faire avancer SAP et le mener au succès au-delà de Hana et S/4.
La mission de Renjen est clairement définie : Il faut dire adieu à tous les Friends of Hasso Plattner pour faire place à la compétence. Si SAP veut avoir une chance à l'avenir, Punit Renjen doit devenir un président du conseil de surveillance activiste et agir dans l'esprit du mot : exercer une surveillance stricte et donner de bons conseils.