Souveraineté : illusion politique ou perspective pratique ?

La dépendance de l'Europe vis-à-vis des fournisseurs américains est sans aucun doute inquiétante et alarmante. Plus d'un lanceur d'alerte a souhaité, il y a de nombreuses années déjà, que des initiatives soient prises dans ce sens et que l'on prenne davantage conscience du problème.
Philipp Welte, membre du conseil d'administration de Hubert Burda Media, constate avec justesse : "Nous vivons dans des structures solidement cartellisées parce que les gouvernants de Berlin et de Bruxelles n'ont pas réussi à maintenir les marchés numériques ouverts pendant près de deux décennies". En 2019, le cabinet de conseil PwC avait déjà reconnu que la dépendance croissante vis-à-vis d'un petit nombre de fournisseurs de logiciels menaçait considérablement la souveraineté numérique de l'administration fédérale allemande, selon le professeur Michael Eßig, titulaire de la chaire de gestion d'entreprise à l'Université de la Bundeswehr à Munich.

Quelques efforts pour miser sur l'open source et mettre en place ses propres infrastructures de cloud, comme Gaia-X, ainsi que des publications, éditées par exemple par le professeur Henning Kagermann, sont dignes d'attention. Kagermann dans la préface de la publication "Digitale Souveränität, Status quo und Handlungsfelder", éditée par Actech (Académie allemande des sciences techniques) : "La souveraineté numérique n'est pas seulement une question de compétitivité, mais aussi d'autodétermination politique de l'Union européenne". Il y a également un changement de perception dans l'expression des principes européens, comme l'importance de la protection des données. C'est ce que résume Peter Ganten, président du conseil d'administration de l'OSB-Alliance, qui fournit la technologie à Gaia-X. "Nous sommes convaincus que la protection de la vie privée est une priorité pour les entreprises : "Le gouvernement a reconnu qu'il y avait eu une défaillance du marché".