Entrez dans la production numérique !


Pour rester compétitifs, les fabricants doivent développer et produire de plus en plus rapidement des produits de plus en plus complexes et personnalisés. La mise en réseau numérique est donc le thème dominant du secteur. L'objectif est de relier toujours mieux l'homme, la machine et le produit via des systèmes numériques.
Mais la vérité est là : L'industrie 4.0 n'est encore qu'un vœu pieux pour la plupart des fabricants de produits allemands. La plupart d'entre eux n'ont fait, au mieux, que leurs premiers pas vers la numérisation. C'est ce que montre notre longue expérience en tant que spécialiste des logiciels et de l'informatique pour l'industrie manufacturière.
Mais pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi ces entreprises ne sont-elles pas déjà beaucoup plus avancées en matière de numérisation et d'industrie 4.0 ? Alors qu'elles savent sans aucun doute que cela leur permettrait de commercialiser leurs produits plus rapidement et avec une meilleure qualité, et donc d'augmenter leur chiffre d'affaires ? Les conditions techniques ne peuvent pas non plus être en cause - elles existent désormais.
La réponse : dans de nombreux cas, les affaires courantes empêchent une numérisation plus rapide. Seule une direction d'entreprise déterminée peut donc apporter une solution à ce dilemme. Elle seule peut créer dans le travail quotidien les espaces de liberté nécessaires pour tester et établir les technologies numériques.
De même, l'esprit de silo largement répandu dans les PME allemandes ne peut être surmonté que par la direction. À bien des égards, les différents départements travaillent souvent chacun de leur côté, notamment en ce qui concerne le choix de logiciels adaptés. C'est pourquoi la direction devrait également considérer les systèmes logiciels transversaux comme une tâche de gestion.
La crise de Corona pourrait justement avoir mis fin à la stagnation numérique. Les vidéoconférences, par exemple, se sont définitivement imposées dans de nombreuses entreprises. Bien sûr, le travail numérique avec Zoom, par exemple, n'est pas encore une numérisation. Mais la nouvelle normalité numérique pourrait aussi faire comprendre aux dirigeants du secteur de la production qu'il est tout à fait possible, voire nécessaire, d'être moins présent sur place.
L'effet d'apprentissage est renforcé par les baisses de commandes dues à la crise, aussi douloureuses soient-elles. Les surcapacités qui en ont résulté ont créé des espaces de liberté potentiels, dans lesquels il restait plus de temps pour le thème urgent de la numérisation.
Les gestionnaires prévoyants pouvaient utiliser ce temps pour évaluer la situation actuelle. Ils devaient alors presque inévitablement tirer une conclusion : À l'avenir, il sera absolument nécessaire de pouvoir travailler de plus en plus loin de l'environnement de production réel. Cela implique inévitablement un modèle numérique complet du produit. Ce "jumeau numérique" est, nous en sommes convaincus, le véritable noyau de l'industrie 4.0.
Il contient toutes les informations sur le produit, sa fabrication et son état tout au long de la chaîne de création de valeur, du développement au service après-vente en passant par la planification et la production. Les propriétés et le comportement d'un produit peuvent être parfaitement simulés par cette image numérique avant même la fabrication physique. L'automatisation des processus de production, même les plus complexes, n'est alors plus qu'un petit pas.
Le changement numérique prend du temps
En fin de compte, il ne faut pas nécessairement une crise pour faire avancer la numérisation - mais surtout la prise de conscience lente et approfondie que les entreprises de production ne peuvent pas survivre à long terme sans systèmes en réseau et auto-apprenants.
C'est pourquoi l'industrie 4.0 n'est pas vraiment une révolution industrielle, mais une évolution. Tant mieux ! Car une numérisation complète ne signifie rien de moins qu'un changement culturel douloureux pour la plupart des entreprises. Et il vaut mieux le faire progressivement que brutalement.