Le serment d'Hippocrate pour les professionnels de l'informatique


L'appel à un serment d'Hippocrate dans la recherche n'est pas nouveau. A l'instar des médecins, d'autres scientifiques devraient également être liés à une action morale par un tel engagement public.
Cette idée est soutenue depuis des décennies, entre autres par l'Unesco, par de nombreux représentants d'instituts de recherche, d'associations scientifiques et de comités d'éthique.
Les médecins respectent le serment d'Hippocrate depuis plus de 2500 ans. Bien qu'il ne soit pas contraignant en tant que code éthique pour l'action médicale, il jouit d'une grande importance.
Dans le cadre de l'influence croissante des algorithmes sur notre quotidien, dont nous ne sommes parfois même pas conscients, le débat sur l'engagement éthique dans les professions techniques reprend de l'ampleur.
"Nous avons besoin d'un serment d'Hippocrate tel qu'il existe pour la médecine".
demande la professeure de mathématiques Hannah Fry, connue pour ses différents talks TED, à "The Guardian".
En médecine, on apprend l'éthique dès le premier jour, mais en mathématiques, elle ne joue pratiquement aucun rôle. La Britannique aimerait que cela change :
"Les principes éthiques doivent être au premier plan de nos pensées dès le premier jour".
telle est leur exigence.
Toutefois, il est différent de réfléchir aux problèmes dans le monde réel que dans des systèmes fermés. La professeure de 35 ans le sait bien :
"Les mathématiciens, les ingénieurs en informatique et les physiciens sont tellement habitués aux problèmes abstraits qu'ils se demandent rarement si l'application de leur travail dans la pratique pourrait enfreindre les règles éthiques.
Une promesse éthique, en revanche, obligerait les scientifiques à réfléchir en profondeur à l'utilisation possible de leurs travaux et les contraindrait à n'adopter que des approches qui, au minimum, ne nuisent pas à la société".
dit Fry.
Elle met ainsi en garde contre le fait que les chercheurs construisent aujourd'hui des systèmes qui collectent et vendent des données personnelles, exploitent les faiblesses humaines et prennent des décisions de vie ou de mort.
"Dans les entreprises technologiques de ce monde, nous trouvons aujourd'hui généralement des hommes très jeunes, très inexpérimentés et souvent blancs. On ne leur a jamais demandé de réfléchir à la façon dont les perspectives de vie d'autres personnes diffèrent des leurs, et en fin de compte, ce sont ces personnes qui façonnent l'avenir pour nous tous".