L'IA n'est pas un luxe


Mais notre comité de pilotage pour l'IA a déjà fait une constatation essentielle : sans intelligence artificielle, rien ne sera possible à l'avenir ! La transformation numérique lancée il y a de nombreuses années a parfois été bloquée en raison du manque d'outils informatiques. L'IA peut résoudre ce blocage. Ainsi, l'IA doit être évaluée différemment du cloud computing. Alors que la technique de l'IA est un phénomène singulier, un changement de paradigme et un point de cristallisation, le cloud computing reste un autre modèle d'exploitation parmi de nombreuses autres architectures informatiques.
SAP a mis toute son énergie et son attention sur le cloud. En raison du succès des hyperscaleurs et de la concurrence croissante des compagnies "cloud only", cette étape était impérative, mais pas visionnaire. Les défis de la société du savoir et de l'informatique sont ailleurs. Bien sûr, après la virtualisation, l'ERP a besoin d'autres modèles d'exploitation. Le cloud est une excellente infrastructure pour de nombreuses applications et l'effet d'échelle des hyperscaleurs permet de gagner beaucoup d'argent. Mais, et SAP n'a pas tenu compte de ce fait, le cloud n'est pas une solution durable, ni une innovation, ni une issue à une désindustrialisation. Le cloud est un modèle d'exploitation suffisamment acceptable pour un grand nombre d'applications ERP.
L'IA, en revanche, n'est pas un luxe, mais une stratégie d'avenir avec la promesse de l'innovation. L'emplacement de la prochaine génération d'ERP peut être quelconque - sur site ou dans le cloud - mais la base sera l'intelligence artificielle. Les modèles Large-Language, le Reinforcement Learning et les agents IA montreront la voie. Sur la base du travail de nos stagiaires dans notre laboratoire interne d'IA, un Composable ERP est de plus en plus probable. L'IA nous offre les possibilités d'un ERP best-of-breed sur une plateforme informatique consolidée.
Ce scénario d'avenir a de nombreuses implications : Il ne s'agit pas seulement d'un défi ERP classique avec les paramètres connus de gestion d'entreprise, d'organisation, de technique et de droit de licence, mais aussi d'une évolution sociale globale. Des agents IA sur des plates-formes informatiques avec de puissants LLM fournissent 80% de la performance des débutants et des consultants juniors. Un texte de l'édition anglaise de The Economist affirme que de nombreux conseillers ressemblent à des bots IA. L'IA va fortement secouer de nombreux consultants informatiques et sociétés de systèmes SAP. Le besoin en personnel auxiliaire et en débutants va diminuer de manière dramatique. Seuls les spécialistes très doués seront encore nécessaires.
Mes sœurs et frères de la table d'hôte SAP ont bien sûr immédiatement entamé une discussion sur le défi social que représente la formation de la relève. Si les débutants, les apprentis et les stagiaires ne sont plus encouragés et formés, il est fort probable qu'il n'y aura plus de personnel qualifié et de spécialistes plus tard. La question de savoir si l'IA est un luxe se pose donc sous un angle tout à fait nouveau et surprenant. L'IA modifie-t-elle le marché du travail et nous prive-t-elle d'un avenir social ?
Lors de notre table ronde, la question de savoir comment SAP gère cette situation nous préoccupe tout autant, car nous ne voyons aucun signe montrant que SAP abandonne l'accent mis sur le cloud computing et consacre un peu plus d'énergie au thème de l'IA. Bien sûr, notre groupe ERP se targue d'une utilisation étendue de la technologie IA, mais la propre création de valeur et le potentiel d'innovation de SAP sont faibles. SAP a un jour raté l'arrivée d'Internet, aujourd'hui SAP est bien sûr conscient du défi, mais ne trouve pas de réponse à l'IA. SAP est sans voix et sans idées face à de nombreuses innovations en matière d'IA. Ce déficit de SAP en matière d'IA représente un grand danger pour nous, les clients existants, car nous devrons alors nous procurer les futurs LLM, agents d'IA et Reinforcement Learning auprès d'autres groupes informatiques.
Bien entendu, SAP craint l'IA comme le diable l'eau bénite, car l'IA va corrompre le modèle commercial de SAP. Le Reinforcement Learning permet de mettre en place un contrôle de gestion parfait. Les LLM pilotent la production et la logistique. Des agents IA orchestrent l'organisation numérique de la structure et des processus. L'ERP composable devient ainsi une réalité et SAP devra se battre pour conserver sa place sur la scène des ERP.