L'avenir du secteur des centres de données


La loi sur l'efficacité énergétique met en danger les centres de données en Allemagne
Les centres de données doivent être obligés d'utiliser la chaleur résiduelle. Toutefois, tant qu'il n'y aura pas de clients et de réseaux de chaleur modernes, les objectifs ne pourront pas être atteints. En outre, les nœuds de réseau des réseaux de télécommunication doivent impérativement être exclus des objectifs. Dans le cas contraire, les grands nœuds de réseau ne pourraient être construits que dans les régions disposant de réseaux de chaleur. De plus, tous les centres de données allemands doivent être alimentés à 50 % par de l'électricité verte à partir de 2024 et à 100 % à partir de 2027. Or, les centres de données dépendent du mix électrique allemand et ce mix est fixé par la politique.
Le cabinet fédéral allemand à Berlin adopte un projet de loi gouvernemental sur l'efficacité énergétique. Celle-ci doit notamment définir des exigences pour les centres de données. Achim Berg, président de Bitkom, déclare à ce sujet : "Le projet de loi sur l'efficacité énergétique a un défaut de conception fondamental : il pose des obstacles que les centres de données ne peuvent tout simplement pas surmonter. Certaines des prescriptions sont tout simplement irréalistes et n'ont qu'un seul effet : les centres de calcul se déplacent vers les pays voisins, ce qui n'aide ni l'économie allemande ni le climat mondial. Dans sa forme actuelle, la loi sur l'efficacité énergétique mettrait en danger l'Allemagne en tant que site de centres de données et freinerait la numérisation. Cela contrecarrerait aussi et surtout les efforts du gouvernement fédéral pour une plus grande souveraineté numérique, la sécurité des infrastructures critiques et la fin des dépendances unilatérales".
La numérisation, la croissance du Big Data, l'extension des modèles de travail décentralisés et la poursuite de l'adaptation de l'Internet des objets entraînent une augmentation de la demande de nouveaux centres de données. Selon Statista, la valeur totale de ce marché atteindra environ 342 milliards de dollars en 2023, soit une augmentation de plus de 6 % par rapport à 2022. En raison de l'augmentation considérable des prix de l'énergie, des pannes de courant potentielles, de la hausse des prix des terrains et des coûts de construction et d'équipement, les entreprises chercheront des alternatives aux modèles traditionnels sur site pour la maintenance de l'infrastructure informatique, ce qui augmentera l'intérêt pour la colocation. Le dernier rapport de la société d'études de marché Arizton indique que 2023 sera une année record en termes de valeur du secteur de la colocation. On estime que sa valeur atteindra 8,2 milliards de dollars et que le taux de croissance annuel cumulé entre 2023 et 2030 sera d'environ 13 %.

“La colocation peut améliorer les coûts d'exploitation et garantir l'accès à des services informatiques professionnels.“
Wojciech Stramski,
PDG, Beyond
"Le principal facteur contribuant à la croissance du marché de la colocation est la nécessité d'améliorer le contrôle des coûts d'exploitation tout en garantissant l'accès à des services informatiques professionnels et sécurisés. Les clients ne peuvent que parfois se permettre de construire ou d'étendre leur infrastructure de centre de données sur site avec la puissance de calcul nécessaire et la protection contre les pannes de courant. La colocation est un moyen pratique d'optimiser les coûts. Aujourd'hui, il est également important de prendre en compte des éléments de durabilité", explique Wojciech Stramski, CEO du fournisseur de centres de données Beyond en Pologne.
Les centres de données sont les centres névralgiques de la numérisation. Plus ils sont efficaces sur le plan énergétique et plus ils sont durables, meilleure est leur empreinte écologique, mais aussi celle des solutions et applications numériques en général. Presque tous les domaines de la vie et de l'économie peuvent se passer des services des centres de données.
La transformation numérique entraîne un besoin croissant de puissance de calcul, de stockage sur disque dur et d'appareils supplémentaires, et donc aussi d'énergie. Comme le montrent les calculs de Schneider Electric, les centres de données consommeront d'ici 2025 environ 54 pour cent d'énergie de plus qu'en 2022 en raison de la numérisation mondiale. Les données de l'étude "Data Centers and Data Transmission Networks" de l'Agence internationale de l'énergie chiffrent actuellement les émissions mondiales de CO2 des centres de données à environ 0,9 à 1,3 pour cent. On s'attend à ce que le secteur des centres de données se décarbonise et se dirige vers la neutralité climatique.
La réduction de l'empreinte carbone sera au centre des préoccupations en 2023. Un rapport de la société de recherche Imarc Group intitulé "Green Data Center Market Size : Global Trends, Share, Size, Growth and Forecast 2022 to 2027" indique que le marché des centres de données verts connaîtra une croissance moyenne de 23% d'une année sur l'autre et atteindra environ 200 milliards de dollars en 2027.
"Les solutions technologiques qui réduisent la consommation d'énergie dans les centres de données sont plus coûteuses à mettre en œuvre que les solutions standard, mais elles permettent de réaliser des économies à long terme. Les entreprises doivent garder à l'esprit que l'électricité consommée pour le fonctionnement et le refroidissement des serveurs est l'un des principaux coûts de maintenance de l'infrastructure informatique. Dans la pratique, plus la consommation d'électricité est faible, plus la facture pour le client final peut être basse", explique Adam Ważyński, Enterprise Sales Manager, Secure Power Division, Schneider Electric.